Watchmen : meilleur comic adapté au cinéma ? (Oui)

C’était mal parti. À voir les bandes-annonces bourrées de ralentis, d’effets spéciaux, de trucages numériques, de Muse et Smashing Pumpkins à gogo, les images promo flashy, l’immonde affiche finale, et les nombreux teasers achevés avec le fameux « par le réalisateur visionnaire de 300 » : Zack Snyder, c’était vraiment mal parti. Rien contre ce metteur en scène, ses deux précédents films sont plutôt bons (L’Armée des morts, remake du Zombie de Romero et 300), mais quand même, ça ne sentait pas très bon tout ça. Surtout que Watchmen est inadaptable.

Et pourtant ! Et pourtant ce « réalisateur visionnaire » livre une petite bombe cinématographique ! À l’image du comic-book dont il est tiré, Watchmen – Les Gardiens est un ovni amoral, immoral et sublime.

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Difficile de décrire l’univers des Watchmen pour les non-connaisseurs. États-Unis de 1985, grâce au Docteur Manhattan, un ancien scientifique devenu l’égal d’un Dieu à la suite d’une expérience involontaire, la guerre du Vietnam fut gagné par les américains, le scandale de Watergate a été étouffé, Nixon est toujours président mais la guerre froide face à la Russie est sur le point d’exploser et de finir en 3ème guerre mondiale.

Et puis surtout, les super-héros sans super-pouvoirs déambulent, anonymement ou publiquement, dans la ville. Sauf que depuis quelques années, être un super-héros est devenu illégal, sauf pour ceux déclinant leur identité et travaillant pour le gouvernement, ce à cause de la loi Keene (rappelant furieusement l’excellent arc narratif chez Marvel Comics : Civil War).  Bref, la plupart des super-héros deviennent de simples citoyens lambdas, si ils ne sont pas tués, morts ou fous, excepté Rorschach qui continue de combattre le crime, illégalement donc. Et Doc Manhattan et Le Comédien servent leur patrie en acceptant cette loi.

C’est justement du Comédien (brillant Jeffrey Dean Morgan), véritable pourriture n’hésitant pas à tuer, violer et se marrer devant la vie, qu’il considère comme une grosse farce, que toute l’histoire va partir, enfin plutôt de sa mort. Le film débute (comme la BD, pardon « le graphic novel ») par son assassinat. La première trame narrative sera de savoir qui l’a tué, et pourquoi ? Enquête alors un autre « héros », le torturé Rorschach, petit homme cagoulé, écorché vif tenant un journal intime, dernier héros assoiffé de vengeance et de justice. Sans aucun doute le personnage le plus intéressant de l’univers Watchmen (Jackie Earle Haley, oscar du meilleur second rôle vous verrez). Sa route va croiser celles de ses anciens compagnons de combat : Le Hibou, sorte de Batman à la retraite, looser/éjaculateur précoce qui devient vraiment « lui » dans son costume (Patrick Wilson excellent), le deuxième Spectre Soyeux, une très jolie femme (Malin  Akerman, plus que correcte), compagne de Dr Manhattan complètement perdue et étant aussi en conflit avec sa mère, le premier Spectre Soyeux (Carla Gugino, méconnaissable !). Sans oublier Ozymandias alias Adrien Veidt l’homme le plus intelligent du monde (un  Matthew Goode très bon mais quand même une erreur de casting)  et enfin, le docteur Manhattan, véritable Dieu, tout de bleu vêtu, même son pénis (étonnant Billy Crudup).

« Extrêmement bien réalisé et parfaitement maîtrisé »

La complication du livre -et le second arc narratif- se trouvait là : les relations entre les six personnages principaux.  Tous étant en proie à ses propres démons (mais qui veillent sur eux ?). Crise de la quarantaine oblige : alcool, tabac, sexe et dépression, sont au rendez-vous et chacun avait droit à ses 2 chapitres pour mieux le comprendre. Flash-back, point de vue alternatif, changement de narration… Ici le film suit cette même idée mais seulement sur la première moitié du long-métrage. À savoir sur le Comédien, Rorschach (et son journal !) et Doc Manhattan. Ainsi Le Spectre Soyeux II, Le Hibou et Ozymandias sont quelques peu « délaissés » sur ce niveau. On en apprend un peu moins sur eux, c’est dommage… L’intérêt du film (comme du livre) est la nouvelle association de ces mecs blasés, détruits, sans espoir d’avenir. Dans cette société parallèle/futuriste, la vie est sombre, tuée et martelée à coups de prostitutées, de sang et de déséquilibrés psychologiques, ou corrompue, sur le point d’être achevée. Chaque personnage vit dans ses souvenirs, le passé réconforte, le passé aide, mais le futur arrive…

D’un point de vue cinéphile et non « littéraire », l’œuvre de Zack Snyder est extrêmement bien réalisé et parfaitement maîtrisé. Le cadrage, la mise en scène, la photographie (mention spéciale aux scènes où les couleurs chaudes/froides s’assemblent ou se dissocient avec une fluidité parfaite pour alterner le côté philosophique/politique et action/violence), les scènes d’action justement, sont ni trop présentes, ni pas assez, juste ce qu’il faut, avec un nombre de ralentis bien dosé et une rare violence visuelle et sonore. D’un point de vue « littéraire » le film rejoint parfaitement l’ouvrage mythique d’Alan Moore et Dave Gibbons. C’est à dire que la planche se transforme en plan. La séquence est devenue la suite de case ancrée dans nos esprits. Un bon compromis pour les non-connaisseurs du comic et les plus fanas d’entre eux.

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La B.O., très « old school » (Simon & Garfunkel, Leonard Cohen, Jimi Hendrix…) est plutôt osée mais néanmoins efficace. Les morceaux choisis ne sont pas post années 80, ce qui accentue la crédibilité de ce « monde alternatif » possible. Ce monde où les super-héros à la retraite renaissent de leur cendre, encore gros ou sales, encore triste et désespéré, mais pas encore mort. Et on y croit. C’est là la force du film. Alors qu’est-ce qui cloche dans Watchmen ? Y a-t-il quelques défauts ? Oui. Oui mais ils sont mineurs. Il y a en effet le côté visuel/numérique qui peut déplaire à certains. Ozy qui manque de charisme, malheureusement. Mais c’est à peu près tout.

[À tous les fans du comic qui veulent du SPOILER : Des changements sont tout de même notables entre les deux œuvres. Tout d’abord la « fin » a été modifiée. Mais en « mieux ». Bulbastix est peu présente à l’écran. L’histoire du pirate n’est pas conté dans le film, mais elle le sera dans la version Director’s Cut en DVD (dans un dessin animé de 40 minutes narré par Gérard Butler himself !). La mort du premier hibou n’est pas montrée, la vie du psy de Rorschach est peu abordée. Rorscharch en civil avec son panneau est vu de nombreuses fois, mais pas concrètement avec son visage, du coup les novices ne comprennent pas forcément qui sait.]

Watchmen s’avère être un des meilleurs comic-book adapté pour le 7ème art (avec sans doute Iron Man et Dark Knight). Watchmen est un film puissant, intelligent et spectaculaire. Parfois même émouvant. Watchmen est une œuvre extrêmement intéressante, fidèle à son originale, qui retourne quelque peu votre esprit et vous fout une grosse claque dans la tronche. Watchmen est un putain de bon film. Et Zack Snyder a réussi un pari audacieux, pourtant perdu d’avance. Son ovni est complètement névrosé, cynique et diaboliquement jouissif (et pas uniquement grâce aux fesses de Malin Akerman).

■ À propos de cet article : Pas satisfait. Trop long, trop complexe. Verrai bien avec réactions et commentaires. Espère nombreux. Mais pressé par temps. À rendre rapidement après projo Club 300 mercredi dernier. Car sera sans doute en lien sur allôciné mercredi 4 mars. Classe. Critique bonne mais quand même, pas satisfait. Attends sortie officielle du film pour revoir encore et encore. Peut-être nouvel article à ce moment. Pense celui-là trop dirigé pour connaisseurs du comic. Suis désolé. Reste excellente adaptation, fidèle et bouleversante. Ai aimé. Vraiment beaucoup. Ai relu la BD depuis. Snyder a réussi, adore.

6 thoughts on “Watchmen : meilleur comic adapté au cinéma ? (Oui)

  1. Je dois aller le voir, vu que j’ai particulièrement apprécié le comic-book… je verrai si j’y vais cette semaine, je dois également voir The Wrestler, Button, et je sais plus quoi… j’espère qu’ils sont encore projetés :S

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